● Un « jugement », appelé aujourd’hui proposition, est un énoncé qui correspond en grammaire à une phrase déclarative. On l’analyse comme composé d’un ou de concepts (prédicats) et d’un ou de sujets (objets dont on parle).
« Socrate marche » est une proposition composée d’un sujet et d’un prédicat (un concept)
« Socrate philosophe en marchant » est composé d’un sujet et de deux prédicats (deux concepts).
La tradition parle de « jugement » car la proposition se comprend comme produite par un sujet, qui combine sujets et prédicats, qui constitue ainsi la proposition : le sujet juge que « Socrate marche ».
● On distingue traditionnellement les jugements synthétiques et analytiques.
-Un jugement est « analytique » s’il ne fait que définir un concept ou s’il n'est vrai qu’en vertu du sens des mots. C’est le cas des définitions.
« Un célibataire n’est pas marié » « rouge est une couleur » « si je suis vivant je ne suis pas mort »
Dans tous les cas « l’analyse » du sujet ou du concept dont on parle révèlerait la propriété qu’on énonce. Un jugement analytique ne nous renseigne donc en rien sur le réel : il ne parle que d’un concept, d’un mot, si l’on veut.
-un jugement est dit « synthétique » s’il affirme (ou nie) un lien entre un sujet et un (ou des) concepts, ou entre des concepts et que ce lien n’est pas une question de définition.
« Pierre est brun » : ce n’est pas la définition de Pierre (s’il y en a une) qui m’informe de quelle couleur sont ses cheveux.
« lorsque l’on soumet une barre d’acier à une source de chaleur, elle se dilate » : seule l’expérience…
On parle à chaque fois de « synthèse » car la proposition rapproche des éléments qui ne sont pas liées par définition. L’analyse de l’un ne révélerait aucun rapport à l’autre. Seule l’observation nous informe d’une telle connexion.