La notion peut être d'abord abordée sur le plan de la grammaire. Elle a aussi un sens plus restreint en métaphysique générale, et encore plus restreint en ce qui concerne son application à l'homme (éventuellement à certains animaux), que ce soit en philosophie, en psychologie ou dans l'ensemble des sciences humaines.
1/ Le sujet, c'est d'abord ce dont on parle et à propos de quoi on dit quelque chose.
Ex : "Le troupeau broute paisiblement" : on attribue au troupeau (sujet) une action qualifiée
(verbe+ adverbe)
Qui fait quoi ? pourrait-on demander (si l'on a pas bien entendu), et on nous
répondrait par la mention du sujet, le troupeau et de son action.
Pourtant cette approche grammaticale est loin d'épuiser la notion, qui est utilisée d'une manière plus précise en philosophie
2/ En effet, on peut dire qu'il n'y a pas forcément de sujet réel partout où il y a un sujet grammatical.
Le troupeau est un sujet grammatical, mais ce qui existe, ce sont les moutons qui le composent, et éventuellement les interactions (ex : imitation).
Aristote donne d'abord une définition logique du sujet :
- un sujet est désigné par un sujet grammatical
- il ne peut pas être placé en position d'attribut dans la proposition.
- Il peut être désigné par un terme démonstratif
Mais on voit que cette approche nous conduit immédiatement à une thèse métaphysique : un sujet est une substance, c'est-à-dire un être individué, qui existe de manière séparée, par lui-même, et éventuellement qui a une cohésion interne.
En ce sens, tous les objets naturels (une pierre), les êtres vivants, les objets techniques... sont des sujets.
3/ Mais depuis l'époque moderne, la philosophie a introduit un usage spécifique du mot sujet, repris par d'autres sciences humaines, s'appliquant seulement aux personnes.
Le sujet désigne alors non seulement un sujet au sens 2, mais un être
- capable se voir imputer des actions, donc responsable des actions intentionnelles dont il est l'auteur
- capable de conscience, de conscience de soi, et capable d'autres opérations mentales (réflexion)
On peut aussi s'appuyer sur la grammaire pour en expliciter le sens. Le sujet est d'abord ce qui est signifié par l'emploi du pronom personnel en première personne : "je vais à paris". L'emploi du je marquerait la réflexivité (autodésignation) et la conscience de soi (le sujet est conscient qu'il va à paris).
On peut désigner un sujet par les autres personnes dans la mesure où eux aussi peuvent s'exprimer à la première personne.