Les êtres humains savent, pour la plupart, utiliser les notions dont s’occupent la philosophie, telles que les notions de vérité, de morale, de justice, de politique, d’art, de technique, etc., mais non en discuter ; la pratique leur a appris à s’en servir, du moins dans les domaines qui leurs sont familiers, sans pour autant les mettre en mesure de définir ces notions, d’en distinguer les différents sens, de délimiter le champ de leur application, et de les ordonner les unes avec les autres. Ils ressemblent à ces gens qui trouvent leur chemin dans leur village mais qui seraient incapables d’en dresser ou même d’en lire une carte et pourraient encore moins lire une carte de la région ou du continent où se situe leur village. La tâche du philosophe est en quelque sorte de dresser la « carte » de ces notions (par exemple les notions de Droit, de Justice,…) : mettre en évidence leurs sens, et les ordonner les uns par rapport aux autres.
inspiré de G.Ryle, La notion d'esprit