Par la foi nous connaissons son existence, par la gloire nous connaîtrons sa nature. (…) Parlons maintenant selon les lumières naturelles. S’il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible, puisque, n’ayant ni parties ni bornes, il n’a nul rapport à nous. Nous sommes donc incapables de connaître ni ce qu’il est, ni s’il est. (…) Qui blâmera donc les chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ? Ils déclarent en l’exposant au monde que c’est une sottise, stultitiam, et puis vous vous plaignez de ce qu’ils ne la prouvent pas. S’ils la prouvaient, ils ne tiendraient pas parole. C’est en manquant de preuve qu’ils ne manquent pas de sens.
Pascal, Pensées 397 (1662) édition Le guern
La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent; elle n'est que faible, si elle ne va jusqu'à connaître cela. Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t-on des surnaturelles ? Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses.
Pascal, Pensées 177, 397
Il ne faut pas chercher à tout démontrer, car l'évidence des premiers principes se sent. Les sceptiques, disciples de Pyrrhon, ne doivent pas en conclure à la relativité de notre connaissance. C'est plutôt qu'il y a une autre forme de connaissance que la démonstration rationnelle, tout aussi certaine. (…) Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur; c'est de cette dernière sorte que nous connaissons les derniers principes, et c'est en vain que le raisonnement qui n'y a point part, essaye de les combattre. (…) Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude, comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire
Pascal, Pensées, 282 (éd. Brunschvicg)