Chrysippe raconte qu’un chien à la recherche de son maître qu’il a perdu, se retrouvant en un carrefour de trois chemins, va essayant un chemin après l’autre, et après s’être assuré des deux, et n’y ayant pas trouvé la trace de ce qu’il cherche, s’élance dans le troisième sans hésiter.
En ce chien-là, un tel raisonnement s’est produit :
« J’ai suivi jusqu’ à ce carrefour mon maître à la trace, il faut nécessairement qu’il passe par l’un de ces trois chemins : ce n’est ni par celui-ci, ni par celui-là, il faut donc nécessairement qu’il passe par cet autre »
S’étant assuré par ce raisonnement, devant le troisième chemin il ne se sert plus de ses sensations ni ne le teste plus, mais s’y laisse emporter par la force de la raison.
Montaigne, Essais, II, 12