« les signes artificiels sont ceux que les êtres animés se donnent mutuellement pour manifester, autant qu’il est possible, leurs pensées, leurs sentiments, et les différents mouvements de leur âme. L’unique fin que l’on se propose en adressant un signe à quelqu’un, c’est d’exprimer et de faire passer dans son esprit ce que l’on conçoit dans le sien »
Augustin, Doctrine chrétienne, chap II
J'apprenais moi-même (…) quand je voulais exprimer les sentiments de mon cœur par des cris, des plaintes et des gestes divers, afin qu'on fît ce que je voulais; mais je ne pouvais traduire tout ce que je voulais ni me faire entendre de tous ceux que je voulais. Alors, je captais par la mémoire les noms que j'entendais donner aux choses, et qui s'accompagnaient de mouvements vers les objets; je voyais et je retenais que l'objet avait pour nom le mot qu'on proférait, quand on voulait le désigner. Cette volonté se découvrait à moi par les mouvements du corps, par ce langage naturel à toutes les nations(…). Ainsi, ces mots que je comprenais, que différentes phrases me faisaient entendre fréquemment, à leurs places respectives, je comprenais peu à peu leur signification, et ils me servaient à exprimer mes volontés d'une bouche déjà rompue à les prononcer. C'est ainsi que je commençais à échanger avec les personnes de mon entourage les signes de mes volontés.
Saint-Augustin, Les confessions, I
Quand il parle de l’apprentissage, saint augustin ne parle que de la façon dont nous conférons des noms aux choses. La dénomination semble être ici le fondement, l’alpha et l’oméga du langage (…). Mais à coup sûr, il pense tout d’abord aux substantifs. Et Platon dit que l’énoncé est fait de substantif et de verbes. Tous deux décrivent [le langage] comme plus simple qu’il n’est.
Wittgenstein, Grammaire philosophique, §19
« eau » « du balais » « oh ! » « à l’aide ! » « bien ! » « Non. ». êtes-vous encore enclin à appeler ces mots des « noms d’objets » ?
Wittgenstein, Recherches philosophiques, §27