« L’énoncé constatatif a, sous le nom d’assertion si chère aux philosophes, la propriété d’être vrai ou faux. Au contraire, l’énoncé performatif ne peut jamais être nui l’un ni l’autre : il a sa propre fonction à lui, il sert à effectuer une action. Formuler un énoncé, c’est effectuer l’action, action peut-être qu’on ne pourrait guère accomplir, au moins avec une telle précision, d’aucune autre façon. En voici des exemples :
« Je baptise ce vaisseau Liberté. »
« Je m’excuse. »
« je vous souhaite la bienvenue. »
« Je vous conseille de le faire. »(…)
Dire « je promets de… », formuler, comme on dit, cet énoncé performatif, c’est l’acte même de faire la promesse.
Cependant, l’énoncé performatif n’est pas exempt de toute critique : on peut très bien le critiquer, mais dans une dimension tout à fait différente de celle du vrai et du faux. Il faut que le performatif soit publié dans une situation qui est en tout point appropriée à l’acte dont il est question : si l’auteur n’est pas dans les conditions requises pour agir (…), alors son énoncé sera (…) « malheureux ».
Austin « performatif-constatatif »